Cette chronique a pour but de vous familiariser avec les lésions cutanées fréquentes. Ceci incluant les lésions bénignes autant que malignes. Normalement, il y a une chronique de ce type tous les mardis.
C’est l’été, votre voisin de 65 ans porte une chemise à manches courtes et vous remarquez sur son bras cette lésion d’environ 8 mm dans sa plus grande dimension. Il voit que vous la regardez et vous dit qu’il a cette lésion depuis longtemps, qu’il l’a accroché il y a quelques mois et qu’elle ne le dérange pas. Que lui suggérez-vous?
Pour que cette activité soit éducative il faut que vous vous fassiez une idée avant de regarder la réponse. Le but est de créer une réaction immédiate à la lésion. Quand votre idée est faite, vous pouvez vérifier si vous avez raison et regarder les explications.
La lésion est pigmentée à droite et rosée à gauche. La partie foncée est luisante et plus surélevée. On remarque aussi un peu de pigment à 7 :00. L’hypothèse diagnostique lors de la biopsie était un carcinome basocellulaire pigmenté. Le diagnostic retenu par le pathologiste était un mélanome malin. Nous avons revisé à plusieurs reprises dans cette chronique les critères de mélanomes sur des lésions pigmentées, soit le ABCDE. Cette lésion est en effet asymétrique, la couleur n’est pas homogène, la dimension excède 5-6 mm. Elle a donc 3 critères anormaux. Ce qui est particulier de cette lésion est qu’elle est en grande partie peu ou pas pigmentée, la faisant ressembler plutôt à un carcinome basocellulaire pigmenté. Il existe des mélanomes malins complètement amélanotiques (sans pigment). Ils constituent environ 15% des mélanomes et sont difficiles à diagnostiquer. Il faut être aux aguets des lésions peu ou pas pigmentées qui sont irrégulières en couleur ou contour.
Plus il y aura de personnes sensibilisées pour différencier les lésions bénignes des lésions cutanées suspectes, plus les cancers de peau seront détectés rapidement et moins les chirurgies seront dévastatrices.
Faites-vous l’œil!